
BEUDANT, François (1787 − 1850)
Traité élémentaire de minéralogie [E.O]
Essai d'un cours élémentaire et général des sciences physiques - Minéralogie.
Paris, Verdière, 1824, fort in-8°, VI, 856 pp., 1 grand tableau, 10 planches dépliantes hors-texte.
Demi-veau vert-bronze ; plats, charnières et coiffes frottés mais le tout est bien solide et sans manque ; dos lisse orné de filets pleins, titre et date dorés ; en queue : jolie roulette dorée et "P. POYET".
Ancien élève de I'Ecole polytechnique et de l'Ecole normale supérieure, Beudant fut chargé en 1814, par Louis XVIII de la constitution de son cabinet de minéralogie. Il succède à Haüy, en 1822, comme professeur à la Faculté des sciences de Paris, puis devient inspecteur général de l'Université.
On lui doit de nombreuses recherches et divers écrits sur presque toutes les branches de la science.
Mineralogical investigations, particularly experiments with carbonates and other salts, revealed to Beudant a principle of the combination of mineral substances that he expressed in Beudant's law. Essentially, he found that some compounds dissolved in the same solution would precipitate together, forming a crystal whose properties they determined in common. The interfacial angles of this new crystal would have a value intermediate between the angles of the original compounds, proportional to the quantity of each." Dictionary of Scientific Biography.
Le Traité de Minéralogie, publié par Beudant en 1824, traduit en allemand en 1826, réédité en 1830, a fait époque dans le développement de cette science. La plupart des ouvrages de ce genre existant alors avaient encore une base empirique, à l'exception de celui d'Haüy, élevé à la gloire de la Cristallographie qui y étouffe presque les autres points de vue. Dans tous ces traités, les notions sur la composition chimique des minéraux étaient limitées aux données numériques brutes d'un petit nombre d'analyses imparfaites.
Le moment était venu de faire bénéficier la Minéralogie des récentes conquêtes de la Chimie : loi des proportions définies, poids atomiques de Berzélius, isomorphisme de Mitscherlich. Ce fut le mérite de Beudant d'avoir réalisé ce progrès.
Il expose la Cristallographie, et aussi la Cristallogenèse, en leur donnant l'importance qu'elles méritent. Pour la première fois, une place notable est attribuée aux propriétés optiques, ne jouant cependant encore qu'un rôle qualitatif. Il ne néglige pas les autres propriétés physiques : c'est ainsi qu'il discute, à l'aide de nombreuses mesures précises, l'importance de la connaissance du poids spécifique réel qu'il ne faut pas confondre avec celui qui n'est qu'apparent dans beaucoup des variétés structurales des minéraux.
L'étude de la composition chimique retient spécialement son attention. De longs développements sont réservés aux méthodes de calcul de la formule des minéraux, à partir des données de l'analyse et inversement, ainsi qu'au calcul des mélanges de plusieurs espèces, sujets nouveaux alors, auxquels il avait consacré un important travail, inséré dans les Mémoires des savants étrangers.
Il discute en détail la question de l'espèce, du genre, de la famille en Minéralogie, montrant que toutes les propriétés, physiques et chimiques doivent servir à leur établissement, mais que, seule, la Chimie peut leur fournir un fondement sûr.
Il expose ensuite une classification nouvelle basée, non plus sur la considération des éléments électropositifs, mais sur les éléments électronégatifs. Il est naturel que le premier point de vue ait été celui qui est venu tout d'abord à l'esprit, puisque la Minéralogie est née du besoin d'utiliser les minerais et qu'une classification, établie sur ce principe, groupe ensemble tous les minéraux d'un même métal. Mais entre les divers composés du plomb, du fer, par exemple, il n'existe pas d'analogies de propriétés physiques, alors qu'au contraire, les sels d'un même acide, combinés avec les divers métaux, présentent de grandes parentés de propriétés; on y trouve de remarquables séries isomorphes dont les carbonates rhomboédriques du groupe calcite-sidérite sont l'exemple le plus remarquable; aussi ce point de vue, adopté par Beudant, est-il celui de la science moderne. En cette même année 1824, Berzélius, abandonnant ses idées de 1812, l'avait proposé également, mais d'une façon indépendante.
Les classifications de ces deux savants ne sont cependant pas identiques et ils n'ont pas manqué, l'un et l'autre, de le faire remarquer et non sans vivacité. Beudant n'a pas été jusqu'au bout de son système. Il en a exclu le plus électronégatif de tous les éléments, le plus abondant dans la nature; il n'a pas établi, comme Berzélius, une famille de l'oxygène, englobant tous les minéraux oxygénés, y compris les hydrates; il a préféré réunir dans une même famille le corps simple, ses composés non oxygénés, ses oxydes, ses hydroxydes, puis tous ses autres composés oxydés.
Pour grouper entre elles les familles ainsi constituées, il a utilisé la classification d'Ampère, basée sur certains caractères chimiques, de telle sorte que, par une transition successive d'une propriété à l'autre, les corps simples constituent une série dont les extrémités se joignent comme dans un anneau. Ce choix de l'anneau d'Ampère n'a pas été heureux. Néanmoins si les classifications actuellement adoptées se rapprochent plus de celle de Berzélius que de celle de Beudant, il n'en reste pas moins que notre confrère a contribué pour une large part à introduire dans la science minéralogique un principe fécond et véritablement philosophique.
La question de nomenclature a aussi préoccupé Beudant. Il a défendu, avec de bons arguments, l'emploi exclusif en Minéralogie des dénominations univoques, tirées de quelque propriété importante, ou bien du nom d'un savant, d'une localité, au lieu des appellations, souvent bien singulières, des anciens minéralogistes ou de celles, plus récentes, empruntées uniquement à la composition chimique. Il a été ainsi conduit à créer de nombreux noms d'espèces, bien qu'il n'en ait décrit qu'une seule (alunite). Il aimait ceux tirés du grec, de forme esthétique, sonores, d'intonation et de terminaison variées, tandis que la mode a prévalu depuis J. Dana, des noms à terminaison uniforme, aussi ses innovations n'ont-elles pas toutes survécu.
La partie théorique de son livre comprend encore un exposé synthétique des multiples manières d'être des minéraux dans la nature, comme éléments de roches, de gites métallifères, etc. Ces notions de gisement sont complétées d'une façon analytique dans la description particulière de chaque minéral.
Bien que la deuxième édition du Traité de Minéralogie soit aujourd'hui exactement centenaire, elle a conservé plus qu'un intérêt historique.
Extrait de la Notice historique sur Francois-Sulpice BEUDANT, lue dans la Séance publique annuelle du 15 décembre 1930, par Alfred LACROIX, secrétaire perpetuel de l'Académie des Sciences.
On lui doit de nombreuses recherches et divers écrits sur presque toutes les branches de la science.
Mineralogical investigations, particularly experiments with carbonates and other salts, revealed to Beudant a principle of the combination of mineral substances that he expressed in Beudant's law. Essentially, he found that some compounds dissolved in the same solution would precipitate together, forming a crystal whose properties they determined in common. The interfacial angles of this new crystal would have a value intermediate between the angles of the original compounds, proportional to the quantity of each." Dictionary of Scientific Biography.
Le Traité de Minéralogie, publié par Beudant en 1824, traduit en allemand en 1826, réédité en 1830, a fait époque dans le développement de cette science. La plupart des ouvrages de ce genre existant alors avaient encore une base empirique, à l'exception de celui d'Haüy, élevé à la gloire de la Cristallographie qui y étouffe presque les autres points de vue. Dans tous ces traités, les notions sur la composition chimique des minéraux étaient limitées aux données numériques brutes d'un petit nombre d'analyses imparfaites.
Le moment était venu de faire bénéficier la Minéralogie des récentes conquêtes de la Chimie : loi des proportions définies, poids atomiques de Berzélius, isomorphisme de Mitscherlich. Ce fut le mérite de Beudant d'avoir réalisé ce progrès.
Il expose la Cristallographie, et aussi la Cristallogenèse, en leur donnant l'importance qu'elles méritent. Pour la première fois, une place notable est attribuée aux propriétés optiques, ne jouant cependant encore qu'un rôle qualitatif. Il ne néglige pas les autres propriétés physiques : c'est ainsi qu'il discute, à l'aide de nombreuses mesures précises, l'importance de la connaissance du poids spécifique réel qu'il ne faut pas confondre avec celui qui n'est qu'apparent dans beaucoup des variétés structurales des minéraux.
L'étude de la composition chimique retient spécialement son attention. De longs développements sont réservés aux méthodes de calcul de la formule des minéraux, à partir des données de l'analyse et inversement, ainsi qu'au calcul des mélanges de plusieurs espèces, sujets nouveaux alors, auxquels il avait consacré un important travail, inséré dans les Mémoires des savants étrangers.
Il discute en détail la question de l'espèce, du genre, de la famille en Minéralogie, montrant que toutes les propriétés, physiques et chimiques doivent servir à leur établissement, mais que, seule, la Chimie peut leur fournir un fondement sûr.
Il expose ensuite une classification nouvelle basée, non plus sur la considération des éléments électropositifs, mais sur les éléments électronégatifs. Il est naturel que le premier point de vue ait été celui qui est venu tout d'abord à l'esprit, puisque la Minéralogie est née du besoin d'utiliser les minerais et qu'une classification, établie sur ce principe, groupe ensemble tous les minéraux d'un même métal. Mais entre les divers composés du plomb, du fer, par exemple, il n'existe pas d'analogies de propriétés physiques, alors qu'au contraire, les sels d'un même acide, combinés avec les divers métaux, présentent de grandes parentés de propriétés; on y trouve de remarquables séries isomorphes dont les carbonates rhomboédriques du groupe calcite-sidérite sont l'exemple le plus remarquable; aussi ce point de vue, adopté par Beudant, est-il celui de la science moderne. En cette même année 1824, Berzélius, abandonnant ses idées de 1812, l'avait proposé également, mais d'une façon indépendante.
Les classifications de ces deux savants ne sont cependant pas identiques et ils n'ont pas manqué, l'un et l'autre, de le faire remarquer et non sans vivacité. Beudant n'a pas été jusqu'au bout de son système. Il en a exclu le plus électronégatif de tous les éléments, le plus abondant dans la nature; il n'a pas établi, comme Berzélius, une famille de l'oxygène, englobant tous les minéraux oxygénés, y compris les hydrates; il a préféré réunir dans une même famille le corps simple, ses composés non oxygénés, ses oxydes, ses hydroxydes, puis tous ses autres composés oxydés.
Pour grouper entre elles les familles ainsi constituées, il a utilisé la classification d'Ampère, basée sur certains caractères chimiques, de telle sorte que, par une transition successive d'une propriété à l'autre, les corps simples constituent une série dont les extrémités se joignent comme dans un anneau. Ce choix de l'anneau d'Ampère n'a pas été heureux. Néanmoins si les classifications actuellement adoptées se rapprochent plus de celle de Berzélius que de celle de Beudant, il n'en reste pas moins que notre confrère a contribué pour une large part à introduire dans la science minéralogique un principe fécond et véritablement philosophique.
La question de nomenclature a aussi préoccupé Beudant. Il a défendu, avec de bons arguments, l'emploi exclusif en Minéralogie des dénominations univoques, tirées de quelque propriété importante, ou bien du nom d'un savant, d'une localité, au lieu des appellations, souvent bien singulières, des anciens minéralogistes ou de celles, plus récentes, empruntées uniquement à la composition chimique. Il a été ainsi conduit à créer de nombreux noms d'espèces, bien qu'il n'en ait décrit qu'une seule (alunite). Il aimait ceux tirés du grec, de forme esthétique, sonores, d'intonation et de terminaison variées, tandis que la mode a prévalu depuis J. Dana, des noms à terminaison uniforme, aussi ses innovations n'ont-elles pas toutes survécu.
La partie théorique de son livre comprend encore un exposé synthétique des multiples manières d'être des minéraux dans la nature, comme éléments de roches, de gites métallifères, etc. Ces notions de gisement sont complétées d'une façon analytique dans la description particulière de chaque minéral.
Bien que la deuxième édition du Traité de Minéralogie soit aujourd'hui exactement centenaire, elle a conservé plus qu'un intérêt historique.
Extrait de la Notice historique sur Francois-Sulpice BEUDANT, lue dans la Séance publique annuelle du 15 décembre 1930, par Alfred LACROIX, secrétaire perpetuel de l'Académie des Sciences.
Références : DSB II, 106 ; Daumas p.956 (pour ses travaux sur l'isomorphisme)

